Feux de forêts et épidémies d’insectes : un projet collaboratif visant à anticiper les futures perturbations en forêt boréale
La forêt boréale, qui couvre 30 % des surfaces forestières mondiales, joue un rôle essentiel dans la régulation du climat en absorbant une part significative du carbone atmosphérique. Cependant, cette forêt est soumise à des perturbations naturelles comme les feux de forêt et les épidémies d’insectes ravageurs. Avec le changement climatique, ces perturbations pourraient devenir plus fréquentes et plus sévères. C’est dans ce contexte que le projet RETROPEST, financé à hauteur de 660 000 € par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et coordonné par Damien Rius, a vu le jour.
Le Québec est particulièrement concerné par les épidémies de la Tordeuse des Bourgeons de l’Épinette (TBE), un insecte défoliateur dont la fréquence des épidémies reste stable depuis 450 ans. Toutefois, le réchauffement climatique semble entraîner une migration vers le Nord de ces épidémies depuis la fin du XXe siècle.
Les interactions entre les épidémies de TBE et les feux de forêt sont encore mal comprises. Les feux influencent la composition et la structure d’âge des forêts, favorisant ou défavorisant les espèces d’arbres hôtes de la TBE. Le projet RETROPEST vise à étudier ces interactions sur des périodes allant de plusieurs décennies à plusieurs millénaires, afin de mieux comprendre leur dynamique et leur évolution face aux changements climatiques.
Une approche novatrice et multidisciplinaire
Le projet vise une approche multidisciplinaire en combinant la paléoécologie, l’écologie moléculaire et la modélisation dynamique. L’analyse des sédiments lacustres permettra de reconstituer les régimes passés de perturbations dont les traces historiques de feux et d’épidémies. Ces données seront ensuite intégrées dans des modèles pour prévoir les futurs régimes de perturbation.
En fournissant des informations sur l’évolution des régimes de perturbation, le projet RETROPEST aidera à développer des stratégies de gestion durable des forêts boréales, des informations qui permettront aux gestionnaires forestiers de mieux anticiper les effets du changement climatique et d’adopter des pratiques adaptées pour préserver ces écosystèmes vitaux.
Le projet est coordonné par Damien Rius à l’Université de Franche-Comté, en France, et débutera en janvier 2025 pour se terminer en décembre 2028. Les résultats attendus visent à lever le voile sur les interactions complexes entre feux de forêt et épidémies d’insectes, et d’apporter des réponses concrètes pour la gestion des forêts boréales face aux défis climatiques à venir. Le projet est réalisé en collaboration avec des membres de l’UQAT, de l’UQAC et de l’Université de Montpellier.
Crédits photos : Dorian Gaboriau