À la découverte de l’histoire des forêts boréales de l’Est du Québec et du Labrador
Dans le cadre d’une thèse de doctorat en écologie forestière réalisée en cotutelle entre le laboratoire Chrono-environnement de Besançon (LCE, France) et l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT, Québec, Canada), l’histoire ancienne des forêts boréales de l’Est du Québec et du Labrador est actuellement étudiée. Jonathan Lesven est membre du laboratoire international de recherche sur les forêts froides, et réalise cette étude sous la direction de Yves Bergeron (UQAT), François Gillet (LCE), Damien Rius (LCE) et André Arsenault (Service Canadien des Forêts, Terre-Neuve). Son objectif est de reconstruire l’histoire passée des incendies, de la végétation et du climat à l’extrême Est du Canada afin de mieux comprendre la dynamique naturelle de ces paysages emblématiques face aux changements climatiques passés, et ainsi mieux prévoir leur évolution future pour mieux les protéger.
Une campagne de prélèvement de carottes sédimentaires a été réalisée en juillet 2019 le long d’un transect Nord-Sud depuis la côte Nord du Saint-Laurent (49°N, site Tremblay) jusqu’au village de Nain, au nord de la côte atlantique de la province de Terre-Neuve-et-Labrador (56°N, site Blow Hole). Les sédiments ont été prélevés au fond des différents lacs à l’aide d’un carottier gravitaire Uwitec par les chercheurs du laboratoire international de recherche sur les forêts froides, Damien Rius et Laurent Millet.
Crédits : Damien Rius/Laurent Millet
Arrivées au laboratoire Chrono-Environnement de Besançon (France) quelques semaines après leur prélèvement, les cinq carottes sédimentaires ont été soumises à différentes mesures : susceptibilité magnétique et spectrométrie aux rayons-X, datations des fragments de végétaux (aiguilles, bois, mousses).
Crédit : Jonathan Lesven
Puis, trois échantillons de 1 cm3 ont été prélevés à intervalles réguliers – tous les 1 ou 3 cm – sur chaque carotte sédimentaire. Le premier échantillon servira à reconstruire les occurrences et les tailles de feux à partir du comptage des charbons à la loupe binoculaire ; le second à reconstituer la dynamique passée de la végétation à partir de l’identification des grains de pollen au microscope ; enfin le dernier permettra des reconstructions des températures estivales à partir des assemblages de chironomes (insectes, diptères).
La zone d’étude fait partie des forêts boréales du Labrador et de l’Est du Québec, encore peu étudiées à une échelle de temps plurimillénaire. Ainsi, l’étude conjointe des variations de ces trois indicateurs permettra d’améliorer notre compréhension de la réponse des forêts boréales dans ces régions face aux changements climatiques. Les résultats permettront également de mieux évaluer les causes responsables de l’ouverture croissante des pessières observée depuis plusieurs dizaines d’années à l’Est du Canada, et qui pourraient poser un problème dans le futur en termes de stockage de carbone.
– ResearchGate: https://www.researchgate.net/profile/Jonathan-Lesven
– Google Scholar: https://scholar.google.fr/citations?user=fg4CxUMAAAAJ&hl=fr&oi=ao