Les paysages nord-finlandais à l’étude dans le cadre d’une thèse réalisée en cotutelle à l’Université de Montpellier, en France et à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, au Québec.
Photos © M. Lacand
Mieux comprendre la dynamique des paysages nord-finlandais depuis la dernière déglaciation, c’est ce à quoi travaille Marion Lacand, étudiante au doctorat en écologie historique sous la supervision de Hugo Asselin (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, UQAT) et Adam A. Ali (Université de Montpellier, UM). Le but de ses recherches est d’étudier le fonctionnement naturel à long terme du paysage en fonction des fluctuations du climat, des incendies forestiers et de l’utilisation humaine du territoire, notamment le pastoralisme semi-nomade du peuple Sami.
Une campagne de prélèvement de sédiments lacustres a été menée en juin 2021 au nord-est du lac Inari, en Finlande. Ces séquences sédimentaires, prélevées jusqu’à 69°N et 318 m d’altitude, contribueront à retracer plusieurs milliers d’années d’histoire. Des membres du Laboratoire international de recherche sur les forêts froides de l’UQAT (Hugo Asselin), de l’Institut des sciences et de l’évolution de Montpellier (ISEM) à l’UM (Adam A. Ali, Laure Paradis, Benoît Brossier), de l’Université d’Helsinki (Heikki Seppä) et de l’Université de l’Est de la Finlande (Tuomas Aakala) ont travaillé en collaboration pour préparer cette mission. Six lacs, répartis le long de gradients altitudinal et latitudinal sur le flanc est des Alpes scandinaves, ont été échantillonnés à l’aide d’un carottier russe.
Les séquences sédimentaires ont ensuite réalisé un tour de France des laboratoires afin d’y subir une batterie d’analyses au demi-centimètre près. D’abord, des mesures géophysiques telles que la susceptibilité magnétique et la colorimétrie ont été menées au laboratoire chrono-environnement de l’Université de Bourgogne Franche-Comté à Besançon. Des mesures géochimiques, comme la spectrométrie de fluorescence à rayons X, ont été menées au laboratoire Environnements, Dynamiques et Territoires de Montagne (EDYTEM) de l’Université de Savoie Montblanc à Chambéry. Puis, plusieurs marqueurs paléoécologiques tels que les charbons de bois et les grains de pollen ont été identifiés à l’ISEM à Montpellier. L’étude des variations géochimiques et géophysiques des séquences sédimentaires couplée à l’analyse des régimes de feux améliorera les connaissances sur la structuration et la dynamique de végétation du nord de la Finlande durant l’Holocène.
Un second aspect de ce projet vise à apporter des réponses sur l’utilisation du territoire par les Samis, un peuple autochtone semi-nomade. Le pâturage intensif par les rennes semi-domestiqués a pu influencer la structure paysagère de façon durable. Dans un contexte de changement climatique, le projet a pour but d’ouvrir le dialogue sur la valeur du territoire pour le peuple Sami.
Écriture : Marion Lacand et Dorian Gaboriau