lac du Tigre en vue aérienne

Conifères un jour, conifères toujours ? À la découverte des processus à l’origine de la persistance des peuplements de conifères boréaux au sein des forêts boréales et tempérées mixtes de l’ouest du Québec.

Figure 1. ci-dessus : Photographie aérienne du lac du Tigre entouré d’épinettes noires et de pins blancs (47° 53’ 14,7’’N 078° 59’ 29,4’’W) (crédit : Gaboriau D.M.).

Une équipe de 9 personnes du Laboratoire International de Recherche sur les Forêts Froides a récolté des sédiments lacustres de l’Abitibi et du Témiscamingue cet hiver 2025. L’enjeu était d’investiguer les rôles du climat et des feux de forêts dans la persistance des peuplements de conifères boréaux (épinette noire et pin gris) dans les domaines bioclimatiques de la sapinière à bouleau blanc et la sapinière à bouleau jaune (Figure 2). Ces données inédites visent à comprendre la réponse de ces conifères aux changements environnementaux passés, et leur capacité de résilience face aux changements climatiques en cours.

lacs échantillonnésFigure 2 : Localisation des lacs échantillonnés (crédit : Jean-Sépet M.).

La forêt mixte, située à la transition entre la forêt boréale et la forêt tempérée, abrite à la fois des espèces de conifères et des espèces feuillues. Or, au sein même de cette matrice mixte, des peuplements d’irréductibles conifères boréaux persistent. Les raisons de cette persistance sont peu connues, mais l’étude des régimes d’incendies et du climat au cours de l’Holocène (i.e. les 10.000 dernières années) pourrait nous renseigner quant à l’origine de ces peuplements dans le paysage.

extraction séquence sédimentaireFigure 3 : Extraction d’une séquence sédimentaire avec un carottier Uwitec (crédit : Jean-Sépet M.).

L’objectif de la campagne terrain était d’extraire des séquences sédimentaires de 7 lacs situés dans les forêts boréales et tempérées mixtes, dont certains sont entourés de peuplements à dominance coniférienne, et d’autres à majorité feuillue. Ces sédiments contiennent, par exemple, le pollen produit par la végétation environnante, leurs macrorestes (graines, aiguilles, feuilles), ou encore du charbon produit lors d’incendies. Ces éléments se déposent à la surface de l’eau, tombent au fond du lac, et s’accumulent graduellement. Ainsi, les sédiments les plus profonds contiennent les dépôts les plus anciens. En laboratoire, leur analyse permettra de reconstituer et de comparer la dynamique millénaire de la végétation aux échelles régionales et locales grâce aux grains de pollens et aux macrorestes piégés dans les sédiments. Ces données seront à mettre en perspective avec la dynamique des régimes d’incendies révélée par l’accumulation de charbons dans les sédiments et l’évolution du climat au cours de l’Holocène.

macrorestes végétauxFigure 4 : Exemple de macrorestes de végétaux retrouvés dans les sédiments du lac Mathis (48° 28’ 51,7’’N 77° 37’ 26,7’’W) : A) Aiguilles de pin ; B) Feuilles de bouleau à papier (crédit : Jean-Sépet M.).

La réussite de cette campagne de terrain est le résultat d’une collaboration entre des chercheurs de Ressources Naturelles Canada via le Centre de Foresterie des Laurentides (Martin Girardin, Mathieu Gauvin),  la Communauté des Innus de Pessamit (Mélanie Bellefleur, David Gervais),  l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (Dorian M. Gaboriau, Jonathan A. Lesven, Mathis Jean-Sépet),  l’Université de Nantes (Guillaume Cantin,) et  l’Université de Montpellier (Adam A. Ali). Un grand merci à tout·e·s. pour la bonne ambiance tout au long de cette campagne de terrain. Enfin, nous remercions également Danielle Charron et Marie-Hélène Longpré pour leur aide à l’organisation de cette campagne de terrain hivernale.

Figure 5 : L’équipe de terrain au complet (crédit : Gaboriau D.M.).