Vers une ouverture de la forêt boréale dans le nord-est du Québec : que peuvent nous apprendre les sédiments lacustres ?
Une équipe du Laboratoire International de Recherche sur les Forêts Froides s’est rendue dans la pessière à lichens du nord du Québec, afin de prélever des échantillons de sédiments lacustres et reconstituer la dynamique passée du paysage.
Dorian M. Gaboriau, Noé Moroy, Adam A. Ali. 28/03/2024
Figure 1. (ci-dessus) Photographie d’un des lacs échantillonnés le long de la route Transtaïga à l’ouest du réservoir Caniapiscau. (© Gaboriau D.)
Au mois de mars 2024, une équipe de recherche composée de membres du Laboratoire International de Recherche sur les Forêts Froides s’est rendue au nord-est du Québec, proche du réservoir de Caniapiscau, à la limite entre la toundra forestière et la pessière à lichens de l’est. L’objectif de cette expédition était de collecter des sédiments accumulés dans les lacs depuis plusieurs milliers d’années et situés sur un gradient topographique allant de la pessière à mousses (milieu fermé) à la pessière à lichens (milieu ouvert). Les sédiments seront analysés et datés afin d’identifier les principaux facteurs de l’ouverture des paysages dans la région.
Six lacs situés le long de la rive ouest du réservoir de Caniapiscau ont été choisis pour un échantillonnage visant à extraire plusieurs séquences sédimentaires (Figure 2). Cette étude multidisciplinaire s’appuiera sur l’analyse de plusieurs indicateurs présents dans les sédiments extraits, notamment la composition élémentaire (analyse XRF), les restes carbonisés, le pollen et les restes de chironomes. L’analyse de ces marqueurs géochimiques et biologiques favorisera la compréhension de la dynamique environnementale de la région, en particulier en ce qui concerne l’impact des feux de forêt et des conditions climatiques sur les variations des états stables alternatifs (transition de la pessière à mousses vers la pessière à lichens).
Figure 2 : Localisation des lacs échantillonnés.
Les lacs sélectionnés pour cette étude sont localisés le long de la route Transtaïga, à proximité de la centrale Hydro-Québec à Brisay. L’altitude des sites d’études oscille entre 536 et 580 mètres, tandis que leur superficie varie de 1,68 à 5,45 hectares. La profondeur d’eau des lacs échantillonnés s’étend de 3 à 10 m, avec des séquences sédimentaires fluctuant de 1,7 à 3,50 m. Dans l’ensemble, deux séquences sédimentaires et des échantillons de sédiment de surface (KB) ont été prélevés dans chaque lac en vue d’une analyse ultérieure en laboratoire, à la Forêt d’Enseignement et de Recherche du Lac Duparquet.
Cette campagne sur le terrain a été rendue possible grâce à la collaboration de Ressources Naturelles Canada (David Gervais, Mathieu Gauvin, et Stéphane Bourassa, de la communauté de Pessamit (Welley Bacon), de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (Dorian M. Gaboriau, Noé Moroy), de la Forêt d’Enseignement et de Recherche du Lac Duparquet (Raynald Julien), et de l’Université de Montpellier (Adam A. Ali). Merci également à Danielle Charron de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et Dominique Arseneault de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) dont l’implication a été essentielle pour l’organisation de cette expédition. De plus, nous remercions la centrale Hydro-Québec de Brisay pour son accueil tout au long de notre séjour.
Figure 3 : Photographie de l’équipe au complet gardant le sourire malgré le froid. (© Mathieu Gauvin)